Historique de l'AssIPS

Les origines : le Club International de Pédiatrie Sociale

En lien avec le professeur Robert DEBRE (1882 – 1978), à l’instigation du professeur Raymond MANDE (1910- 1988) et du docteur Nathalie MASSE (1919 – 1975) au Centre International de l’Enfance (CIE) à Paris, un certain nombre de pédiatres français, suisses et belges se retrouvèrent les 21 et 22 juin 1969 pour confronter leurs expériences et leurs projets, soucieux de dépasser la seule approche «biologique» de l’enfant sain ou malade : le Club de Pédiatrie Sociale était né.

Dès l’année suivante, ces membres pionniers, pour certains maintenant disparus (R. MANDE, N. MASSE, M. MANCIAUX, S.TOMKIEWICZ, …), également B.PISSARRO qui en a été le premier président, ont structuré leurs réunions autour d’un thème et ont décidé de réunir avant tout des professionnels désireux de s’engager personnellement et sur une base régulière. Cette réflexion décloisonnée se faisait dans un climat convivial, amical, et d’écoute constructive.

Ce petit groupe est rapidement rejoint par des médecins étrangers : le suisse O. JEANNERET, le Belge A. SAND, puis l’anglais F.S.W. BRIBLECOMB (1919-1992), eux aussi pionniers en leurs pays. Ce n'était pas aisé, à l'époque, de créer une association avec des membres étrangers (relents des années de guerre encore présents, et suspicions des administrations !), il faut donc souligner leurs motivations qui ont su dépasser ces difficultés ; B. PISSARRO, premier président, O. JEANNERET et A. SAND, membres du bureau : donc, d'emblée, une gouvernance  internationale.

En 1974, un premier bilan est dressé : il propose l’entrée de professionnels d’autres pays d’Europe (Luxembourg, Allemagne, Royaume Uni, Espagne, …), et surtout il introduit la notion de pluridisciplinarité  et de pluriprofessionnalité par le biais de l’admission progressive de psychiatres, de pédopsychiatres, de psychologues, d’éducateurs, de puéricultrices, de médecins de PMI, etc…, et en faisant appel, selon besoin et le thème de travail, à des professionnels extérieurs d’autres disciplines : ethnologues, philosophes, juristes, …

Il y a exigence permanente de qualité scientifique et éthique, d’objectivité et de respect pour l’Enfant dans l’abord de sa santé et de son environnement, aussi bien physique que social

Il devient le Club International de Pédiatrie Sociale (CIPS), et acquiert un statut officiel d’association (1901), avec un conseil d’administration international    Cips 

Il n’y a pas de publicité : les nouveaux membres sont d’abord pressentis comme susceptibles de recevoir et d’apporter dans cet esprit : ils sont alors contactés,  invités, et doivent fréquenter au moins deux sessions avant de poser, s’ils le souhaitent, leur candidature, qui doit en outre être motivée et parrainée.

Les bilans réalisés ensuite, en 1979, en 1993 et en 2015, ont chaque fois permis de confirmer l’identité du Club :  un groupe pluriprofessionnel et pluridisciplinaire réunissant des praticiens de terrain, des enseignants et des chercheurs, et proposant un abord global et décloisonné, facilitant les échanges et la réciprocité ; avec le souci constant de préciser que la pédiatrie sociale n’est pas «la pédiatrie des cas sociaux», mais la considération des aspects sociaux de la pédiatrie : intégrer la dimension sociale et psychosociale des différents facettes de l’enfance et de l’enfant dans ses différents milieux de vie ou situations, s’intéresser au bien-être de l’Enfant dans ses dimensions individuelles et d’environnement. Le choix des thèmes abordés à chaque session, et leurs approches, respecte cette préoccupation constante.

L''évolution vers l'AssIPS

 Depuis plus d’une vingtaine d’années, les sessions, notamment décentralisées, ont été progressivement ouvertes aux professionnels et étudiants non membres environnant le site organisateur, enrichissant ainsi les discussions, mais aussi contribuant à  sensibiliser à cette approche globale de l’enfance et de sa santé.

Les membres ont conscience que le monde a changé, que donc l’organisation antérieure du CIPS (sa forme) peut avoir à évoluer, mais ils ont la conviction que le fond (l’esprit de respect et de globalité, appuyé sur de solides réflexions scientifiques et intégrant le domaine social de la pédiatrie) doit continuer et surtout encore se développer.

 En conséquence, et pour affirmer son image d’ouverture, le CIPS a décidé de se renommer en 2012 « ASSociation Internationale de Pédiatrie Sociale » (AssIPS), et ses statuts ont été réactualisés  Logo assips

Les projets actuels de l'AssIPS

Notre réflexion a abouti sur les points suivants :

 

1 - Quelle place du CIPS -devenu AssIPS- aujourd’hui ? 

Il y a eu, en effet, développement au cours des années,  d’associations spécialisées (maltraitance, handicap, néonatalogie, …), pour certaines nées du travail du CIPS/AssIPS, alors que le CIPS/AssIPS est resté volontairement généraliste :

  • Ce n'est pas une position facile, car les centres d'intérêts spécialisés ont induit  - c’est bénéfique- des associations spécialisées, et la tentation est grande de la fréquentation exclusive de ces groupes ou sites qui ont poursuivi l'approfondissement de ces (hyper?)spécialités de pédiatrie sociale et apportent progrès dans le savoir.

Pourtant, il est essentiel également que ces "hyper-spécialistes" continuent de se rencontrer, échangent, et s'enrichissent mutuellement en enrichissant de ce fait aussi les complémentarités, les congruences et les continuités entre ces divers volets de l’enfance ; y compris quand les pratiques et les problématiques pourraient sembler éloignées (par exemple : périnatalité et adolescence, PMI et handicap, etc.).

Il est de même indispensable que les cultures, regards et pratiques d’autres pays enrichissent le travail collectif. Ensemble, on est bien plus intelligent !

Les liens et les interactions existent, et sont sources d’évolutions des regards et des pratiques. 

  • L’ASSIPS a une fonction de point de rencontre et de confrontation interdisciplinaire. Elle peut être aussi un espace où se déposent les questions spécifiques des professionnels de la santé, qui ne trouvent pas de réponse ou d’espace de débat dans d’autres cénacles cela implique le maintien d’une ouverture complète sur tous sujets
  • L’ASSIPS a un rôle de lanceur d’alertes, et doit apporter son expertise, ses compétences, son argumentation et son « plaidoyer » pour une santé de l’enfant dans toutes ses dimensions, à l’ensemble des acteurs concernés par l’enfant (famille et entourage, professionnels du soin et de l’éducation,) afin de sensibiliser les professionnels et les pouvoirs publics à certains problèmes de l’enfance qui ne sont pas encore suffisamment prise en compte, même si des progrès ont été réalisés depuis les années 70.

Il s’agit d’aider à agir dans le respect des droits et des besoins de l’enfant en matière de santé, et dans la vision de pédiatrie sociale, globale et pluridisciplinaire, qui est la sienne depuis sa création.

  • L’ASSIPS privilégie  la spécificité de la pédiatrie sociale et communique sur son intérêt, c'est à dire au-delà des clivages entre préventif et curatif, entre spécialités, entre médical et non médical.

2 – Quelles sont selon nous les priorités aujourd’hui concernant l’Enfance et l’Adolescence ?

  • redonner sa place à l’enfant, sans le sacraliser
  • agir en faveur de l’enfance et de l’adolescence vulnérables (difficultés sociales, handicap, migrant, …)
  • lutter contre les addictions
  • réassurer les bases de son développement et de sa santé physique (alimentation, vaccinations, hygiène, …)
  • contribuer à la cohérence et la complémentarité des actions menées par les acteurs
  • renforcer et développer l’approche de pédiatrie sociale, à tous niveaux d’intervention des acteurs et décideurs

3 – Quels sont nos souhaits de stratégie ?

  • Etre plus visible : Publier travaux et rapports des sessions et développer activement le site internet
  • Développer des formations (agréées, donc reconnues et financièrement plus accessibles)
  • Réinvestir l’étranger (poursuivre, voire intensifier les axes de travail avec les pays dits  «en voie de développement" et les pays étrangers "demandeurs de partenariat" : Maroc, Liban, Bénin, Madagascar, …) ; certains membres ont collaboré / collaborent actuellement avec ces pays.
  • Renforcer les liens avec d’autres associations concernant l’enfance : Journées Parisiennes de Pédiatrie, Société Française de Pédiatrie, et diverses associations étrangères, …
  • Renouveler les membres et assurer la relève, pour éviter de devenir un « club de seniors », et assurer la pérennité et le développement de l’approche de pédiatrie sociale

Date de dernière mise à jour : 06/04/2021